C’était en 2020 : Hugo Gaston, qui sera l’une des têtes d’affiche de cet Open Sopra Steria 2024, vivait le premier grand moment de sa carrière dans un Roland-Garros marqué du sceau du COVID. Une victoire 2-6 6-3 6-3 4-6 6-0 face à Stan Wawrinka qui envoyait la jeune pépite tricolore de 20 ans en huitièmes de finale. Magnéto !
Vendredi 2 octobre 2020, 3e tour de Roland-Garros. Court Suzanne Lenglen. Masqués, ils s’avancent à tour de rôle, sous les timides applaudissements d’un petit millier de spectateurs. D’un côté, le 17e à l’ATP, ex-numéro 3 mondial, vainqueur à l’Open d’Australie en 2014, à Roland-Garros en 2015 et à l’US Open en 2016, le Suisse Stan Wawrinka. Face à lui, un jeune Français de 20 ans, invité ici à Roland-Garros, vainqueur de deux matchs sur le circuit ATP aux tours précédents, il est 239e : Hugo Gaston. Oui, mais voilà. Au tennis, ce n’est jamais fini, encore moins quand rien n’a commencé. Retour sur les cinq actes qui ont révélé Hugo Gaston au grand public.
Acte 1 : Stan The Man
Gaston annonce la couleur, un jeu surprenant, une patte de velours qui sait alterner amorties léchées, lobs qui accrochent la ligne et coups droit puissants. Mais Wawrinka ne tremble pas. Il monte au filet, Gaston est à terre et d’un smash long de ligne, il breake Hugo Gaston pour la seconde fois, 2-6.
Acte 2 : Gaston réveille le public
33ème minute, après un jeu accroché sur le service du Suisse, Gaston breake pour la première fois dans ce match. Les tribunes se réveillent et tentent de porter le Français. Il joue, bien même… renvoie tout et résiste au retour de Wawrinka, à coup d’amorties bien senties et de coups droits décisifs. Mieux, frustré, Stan expédie un ultime revers dans le filet, offrant à Hugo un deuxième break. Le public scande son nom. 6-3.
Acte 3 : Quand la pluie s’en mêle
Court Suzanne Lenglen, certes, mais 2020 ! Le toit n’y était pas encore ; les deux joueurs sont contraints à une interruption de deux heures. Troisième set, 2-2, le jeu reprend. Les intentions, elles, n’ont pas changé. Mené 0-30, Gaston conserve sa mise en jeu sur une merveille d’amortie en coup droit, qui accroche la ligne. Plus précis, il s’offre même le service du Suisse au jeu suivant. Les égalités s’enchaînent, mais le Français les remporte toutes ! Il pousse Wawrinka à la faute. “Allez”, rugit Gaston, le poing serré. Devant notre télé, on veut y croire. 6-3 .
Acte 4 : Le sursaut d’orgueil
Les deux combattants se rendent coup pour coup, break, débreak, “rebreak” et “redébreak”. Hugo Gaston, mené 3-0, revient à 4-4. Gagner, même dominé. C’est ça, la force des champions. Wawrinka, encore lucide, conserve sa mise en jeu. Gaston tente tout, visitant chaque recoin du court, lançant même sa raquette à la rencontre des balles hors de portée… mais ne trouve pas la solution. Il rend les armes sur un magique revers slicé dont seul son adversaire a le secret. 4-6.
Acte 5 : Impressionnant Hugo Gaston
3 heures de jeu. Et pourtant Hugo est toujours aussi frais. Il traverse le court de long en large, anticipe, s’arrache, écoeure Wawrinka. Pas impressionné, le Français renvoie smashs et volées, se permettant un tweener lobé qui vient s’écraser sur la ligne du fond de court. Dans son clan, la tête prise entre les deux mains, on n’en revient pas. Le jeune Hugo, le gamin, est en train de dompter “Stanimal”. Ultime service, kické à droite, pour déporter Wawrinka hors du court. Ultime montée à la volée, que le Suisse peine à remettre dans le terrain. Ultime smash, dont le retour ne passera jamais la bande du filet. Hugo Gaston l’a fait. 2-6 6-3 6-3 4-6 6-0.
Benjamin Vermersch