Depuis 2016, l’Open Sopra Steria veut être un révélateur des talents de demain. Les deux titres de Félix Auger-Aliassime à 16 et 17 ans en témoignent, tout comme les performances récentes de Kecmanovic ou de Popyrin, 18 ans l’an passé. Pour cette quatrième édition, l’un des grands espoirs du tennis français se présente avec une légitime ambition : Corentin Moutet, 20 ans, 102ème mondial lundi prochain.
Corentin Moutet a bien grandi. Le petit jeune de 18 ans, dont le public lyonnais découvrait la patte gauche admirable en 2017, n’est plus tout à fait le même joueur… A l’époque, il avait surpris par son revers punché, ses amorties délicates… mais aussi son sacré caractère sur le court. « C’est une personnalité atypique, un écorché vif, hyper émotif et très intelligent », nous confiait le rédacteur en chef de Tennis Magazine, Rémi Bourrières.
« Il ne lâche pas, ce gamin, jamais, c’est une force incroyable »
Ses raquettes en souffraient, son entourage aussi : « Il m’a rendu fou, il a rendu fou ses parents, il a rendu fou ses entraîneurs », racontait dernièrement Nicolas Coutelot, son entraîneur entre 12 et 16 ans, dans les colonnes de L’Equipe. « Mais il ne lâche pas, ce gamin, jamais, c’est une force incroyable. S’il se sert de cette force de rébellion, de combat, c’est un atout énorme pour devenir un champion. »
Malheureusement, entre apprentissage et infortune, Corentin n’avait pas réussi à s’imposer sur la terre battue du Tennis Club de Lyon. Une défaite frustrante face à Elias Ymer : Moutet n’était alors que 341ème mondial, mais il s’en voulait tellement de ne pas avoir réussi à bonifier la wildcard qui lui avait été accordée… En 2018, la chance lui avait fait défaut, le tirage au sort lui réservant un match face à Félix Auger-Aliassime au premier tour – la suite, on la connaît…
« Désormais, il a une attitude de champion ! »
« Beaucoup de gamins préfèrent se tirer une balle dans le pied et ne pas réussir plutôt que de tout faire pour réussir et peut-être ne pas y arriver », continue Nicolas Coutelot. « C’est une protection. Elle était très exacerbée chez Corentin. Il avait tellement peur de ne pas y arriver, tellement peur du jugement des autres, qu’il préférait balancer. »
Cette année, Corentin a 20 ans. Et, s’il n’a pas tellement pris de centimètres du haut de son mètre 75, il semble avoir énormément gagné en maturité. En témoigne son Roland-Garros impressionnant, magnifié par un succès sur Guido Pella, 23ème joueur mondial. Il aura fallu un match marathon en cinq manches face à l’Argentin Londero au troisième tour pour mettre fin à sa belle histoire parisienne… « Désormais, il ferme sa gueule, reste dedans et a une attitude de champion », continue Nicolas Coutelot, « alors qu’avant il se rabaissait tout le temps ».
« Corentin a des armes mentales pour faire une très belle carrière »
Coaché par Emmanuel Planque, l’ancien mentor de Lucas Pouille, depuis six mois, il travaille énormément pour conserver cette « attitude de champion » : « Tous les deux, avec Emmanuel, tous les jours, on essaie de faire le maximum et de passer des heures à répéter des choses positives, et je pense que c’est la bonne voie », expliquait le principal intéressé à l’issue de Roland-Garros. « Là, il touche la vérité du bout du doigt, il est sur la bonne voie », confirme Coutelot. « Il a maintenant des armes mentales en plus pour faire une très belle carrière. »
C’est tout ce qu’on lui souhaite… et cela commence peut-être par une belle semaine lyonnaise !
Rémi Capber